Parler
Parler est un sport de haut niveau
Parler est un sport de haut niveau
Parler semble être une faculté indissociable de l'humain. Son émergence et son apprentissage commencent dès l'enfance. Cependant comme toute aptitude, objet, personne présents dans nos vies, l'importance de la parole et du fait d'en prendre soin sont parfois oubliés, occultés, sous-estimés, etc.
Pourtant, parler est un sport de haut niveau. La parole se travaille, s'entretient, s'améliore, se remet en question, se soigne, se dépasse, se repose, se contextualise, s'organise seule ou en équipe, passe d'un registre à l'autre, d'un niveau à un autre. Parler requiert de la formation et de l'entrainement. La parole évolue et traduit des réalités en mouvement.
La parole est mouvement. La parole émouvement.
Au fil des ans et de mon parcours de vie, j'ai eu la possibilité d'évoluer dans des milieux variés où j'ai pu me rendre compte que la maîtrise de la parole et de la langue, des langues était une forme d'ouverture vers les autres et vers soi. Ouverture incommensurable.
C'est tout d'abord durant l'enfance, baignée dans une forme de multiculturalité que je n'identifiais pas véritablement en tant qu'enfant, que je me suis rendue compte que chaque parole pouvait raconter une histoire différente au sujet d'un même événement, une même situation, un même temps partagé et pourtant vécu selon la réalité de chacun et de chacune.
Née en Provence, au pied du Mont-Ventoux et immergée dans un milieu où chacun parlait sa langue de naissance, de transmission, de contexte géographique ou de cœur - le provençal, le français, les dialectes nord-africains, l'espagnol, etc. - et où chacun se retrouvait dans l'entre-deux fait d'un mélange de ces langues, j'ai très tôt eu conscience que savoir parler était une force. Savoir parler toutes les langues et même toutes les langues françaises. En effet, mes oreilles grandes ouvertes - qui plus tard m'ont menée à faire de la radio - me permettaient déjà très jeune d'entendre que tout le monde ne parlait pas de la même manière tout en parlant la même langue : le français. À l'école, à l'Amicale laïque, au marché médiéval du village, je constatais que les parents des uns employaient un certain vocabulaire, les parents des autres un autre, les commerçants parlaient encore différemment et les enseignants alors... Pour communiquer avec chacun et chacune, il me fallait parler la langue de tout le monde, le français de tout le monde.
Quel programme sportif !
Arrivant au collège, je passais dans une autre catégorie de compétition : les langues étrangères.
Avec l'allemand, le latin, l'anglais, l'espagnol, un monde gigantesque s'ouvrait à moi. Entrainement, régularité, persévérance, structure, créativité et la joie ! La joie de pouvoir dire aux personnes que je rencontrais - dans ma Provence natale prisée des voyageurs venus du monde entier - quelques mots dans leur langue. Puis quelques phrases, puis des conversations entières, puis la possibilité de créer des mondes communs.
La parole est un pouvoir. Prenons-la !
PARLER EST UN POUVOIR. PRENONS-LE !
Pour me contacter : Nadia Foisil
formuleretfleurir@gmail.com